Eté 2018, sud de la France.
« Le magenta est un colorant primaire absorbant le vert dans la synthèse soustractive des couleurs. »
Ce chemin poussiéreux foulé tant de fois n’était pas tellement verdoyant. Mes pieds n’ont cessé de buter contre des racines et des pierres. Il n’y avait rien. Ni végétation luxuriante ni doux parfum fleuri. Les plantes étaient hostiles, les feuilles épineuses, et les cailloux venaient se loger douloureusement dans mes sandales à chaque pas. Un vent chaud balayait le tout faisant flotter un nuage de poussière.
Puis, en rentrant examiner mes images et pendant un instant le magenta chimique me l’a révélé: l’absent, invisible, insoupçonnable. Le vert. Celui d’une nature qui n’est plus, qui n’a peut-être jamais été, celle qui ne cesse de muter, de s’adapter, de survivre. Cette nature qui peu à peu se transforme en vision éphémère, changeant jusqu’à disparaître. Je voudrais qu’elle envahisse tout, qu’elle prenne le dessus, que l’invisible redevienne visible.
Mais la poussière balaye ces terres sans discontinuer, modelant le paysage, redessinant le chemin que je découvrirai encore, comme pour la première fois.
Cette série a été présentée en avant-première sur la plateforme Photo Letter - https://photo-letter.com